Métiers verts : le secteur du recyclage en Poitou-Charentes



Les entreprises de la collecte et du recyclage de déchets sont dynamiques, avec une nette progression des emplois et de leur chiffre d’affaires. Ce secteur est cependant sensible à la crise qui fragilise ses clients et fournisseurs issus du secteur industriel.

Pour se développer, les métiers, qualifications et compétences recherchées évoluent. Si les salariés sont en majorité des ouvriers et le secteur apparaît comme un espace d’insertion, les besoins en emplois peu qualifiés se réduisent et, à l’inverse, les besoins de postes qualifiés sont croissants.

Cette synthèse s’appuie sur l’état des lieux publié par l’Agence régionale de la formation tout au long de la vie Poitou-Charentes en décembre 2012.


1 – Points de repère

Les entreprises du recyclage exercent des activés de récupération, de recyclage et de valorisation des matières métalliques et autres matériaux recyclables (papier, carton, plastique, verre, déchets des équipements électroniques…). Elles assurent également le commerce et le négoce des matières premières recyclées.

Activités de recyclage et emplois en Poitou-Charentes en 2010

  • Secteur du recyclage : 930 emplois
    • Démantèlement d’épaves à des fins de récupération : 260 emplois
    • Récupération de déchets triés (tri de matériaux, transformation de déchets triés en matières premières secondaires) : 570 emplois
    • Commerce de déchets et de matières premières recyclées : 100 emplois

Le recyclage se définit comme une opération de valorisation des déchets, transformés en produits appelés matières premières secondaires (MPS) ou recyclées (MPR). Leur utilisation se généralise en raison du prix des matières premières et de leur rareté. Aujourd’hui 43 % de la production industrielle des métaux ferreux et non ferreux, des papiers et cartons, du verre et des matières plastiques repose sur l’utilisation de ces matières. (Source : ADEME, « Le recyclage en France, Bilan annuel 2008 », Collection Repères.)

2 – Évolutions et perspectives pour les métiers

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En Poitou-Charentes, le secteur du recyclage comptait 360 entreprises en 2011, dont deux tiers sans salarié. Le secteur regroupe beaucoup d’entreprises unipersonnelles et de très petites entreprises (TPE). La majorité des salariés (62 %) travaillent dans un établissement de moins de 20 employés.

En 2010, le recyclage représentait 930 emplois dans la région, soit 0,17 % de la population salariée régionale. Porteur et dynamique, le secteur est créateur d’emplois. En 10 ans, il a enregistré une progression de 37 % de ses effectifs, soit une création nette de 250 emplois.

A l’instar de nombreuses activités, le recyclage n’a toutefois pas été épargné par la crise et a enregistré un recul de l’emploi en 2008 (- 12 %). A partir de 2009, les effectifs du secteur repartaient à la hausse, mais le contexte économique de ces derniers trimestres pourrait peser à nouveau sur les affaires des entreprises.

Focus sur les 5 familles de métiers

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Si les effectifs salariés sont principalement constitués d’opérateurs de tri et de conducteurs d’engins, le secteur compte une grande variété de métiers, regroupés en cinq familles professionnelles :

  • les fonctions d’exploitation (opérateurs de tri, conducteurs d’engins, conducteurs de process, chefs d’équipe et responsables d’exploitation) ;
  • les fonctions commerciales (assistants des ventes, commerciaux et technico-commerciaux) ;
  • les fonctions administratives (secrétaires, assistants administratifs et opérateurs de bascule chargés de l’accueil des fournisseurs et des transporteurs) ;
  • les fonctions d’ingénierie et d’expertise (ingénieurs chargés de la mise en oeuvre de nouveaux process de production, responsables et techniciens de laboratoire analysant les déchets et les matériaux recyclés, responsables Qualité Sécurité Environnement veillant à la sécurisation des installations) ;
  • les fonctions du transport (chauffeurs chargés d’acheminer la matière à recycler du fournisseur au site d’exploitation et du site chez les clients).

Des métiers d’ouvriers à 68 % et masculins à 78 %

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Les ouvriers constituent la majorité des effectifs du secteur (68 %) et sont ainsi nettement plus représentés que dans les autres activités régionales (30 %). Les métiers de l’exploitation occupent une place majeure : les opérateurs de tri, conducteurs de process et conducteurs d’engins sont en effet les métiers les plus représentés. La part des cadres s’élève quant à elle à 5 % contre 10 % pour l’ensemble des activités régionales en Poitou-Charentes. Néanmoins, la tendance actuelle révèle que les besoins en postes qualifiés sont croissants.

78 % des professionnels du secteur du recyclage sont des hommes. Les femmes sont ainsi faiblement représentées au regard des autres activités régionales (43 % en moyenne). La forte présence de la population masculine est liée à la force physique nécessaire dans certains postes de production nécessitant de la manutention. Les postes d’ouvriers du secteur sont ainsi dans 88 % des cas occupés par des hommes et dans 100 % des cas pour les conducteurs livreurs et conducteurs d’engins. Les fonctions d’encadrement et de chefs d’entreprise sont également fortement masculinisées (78 % d’hommes).

La question des départs en retraite se pose plus particulièrement pour les chefs d’entreprises du secteur qui sont dans 37 % des cas âgés de plus de 50 ans.
Les postes d’exploitation appelant le plus souvent une bonne résistance physique, la gestion des âges dans ces entreprises soulève également la question de la pénibilité et de l’adaptation des postes pour les salariés seniors.

Recyclage : une opportunité d’insertion et de formation pour les non diplômés

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Le secteur est marqué par la présence d’entreprises et de structures d’insertion par l’activité économique. Ces structures qui prennent une place importante de l’activité, sur la filière du recyclage textile ou des déchets des équipements électriques et électroniques par exemple, facilitent l’insertion des personnes sans qualification.

Les effectifs du secteur se composent en effet de 38 % de personnes sans diplôme. Cette part est nettement supérieure à celle observée en moyenne dans les autres activités régionales en Poitou-Charentes (21 %). Une majorité d’opérateurs et d’ouvriers du secteur entrant dans ces entreprises sans réelle formation initiale, la formation continue apparaît comme essentielle. Des formations préalables à la prise de poste et spécifiques aux machines utilisées et aux matériaux à trier et recycler leur sont dispensées en situation de travail. Les efforts de formation engagés dans les entreprises sont réalisés en interne. Le budget de la formation continue est également utilisé pour les formations obligatoires et de sécurité. Le dispositif des contrats de professionnalisation est peu développé. En Poitou-Charentes, seuls quatre contrats ont été signés en 2011 par les entreprises du secteur.

Lorsque les professionnels du secteur possèdent un diplôme, il s’agit le plus souvent d’un CAP ou d’un BEP (39 % des effectifs), d’un BAC (12 %), d’un diplôme de l’enseignement supérieur, dans des propositions toutefois plus faibles (10 %) qu’en moyenne dans les autres activités régionales (27 %).

Le secteur du recyclage offre des conditions d’emploi plutôt favorables. Les salariés du secteur occupent pour 88 % un poste à temps complet, contre 82 % pour l’ensemble de la population active en Poitou-Charentes. La part des salariés en CDI est également légèrement supérieure à la moyenne régionale (74 % contre 72 %).

Le marché du travail

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L’étude de l’ARFTLV Poitou-Charentes retient pour l’analyse du marché du travail les métiers occupant le plus de professionnels dans le secteur : les opérateurs du tri, les conducteurs d’engins, les conducteurs routiers et les responsables d’exploitation.

  • La demande de travail

    Au 31 mars 2012, près de 8 350 personnes sont à la recherche d’un emploi sur l’un des principaux métiers du recyclage (en augmentation par rapport à 2011). Les jeunes sont faiblement représentés parmi les personnes à la recherche d’un emploi dans les domaines de la conduite de transport et la conduite d’engins. Ce qui est en partie lié aux barrières à l’emploi que peuvent constituer pour eux, l’obtention des permis et certificats adéquats pour exercer ces métiers.
    Les demandeurs d’emploi dans ce secteur sont 21 % à ne pas posséder de diplôme, contre 16 % pour la moyenne régionale. Sur le métier de la valorisation des produits industriels, seul métier spécifique au secteur du recyclage, cette part atteint 45 %. Dans l’ensemble, le niveau V est majoritaire : 63 % contre 46 % pour la moyenne régionale.

  • Les métiers de la valorisation des produits industriels en tension

    En 2011, près de 3 500 offres d’emploi ont été déposées à Pôle emploi sur les principaux métiers du secteur du recyclage2. Excepté pour les métiers de supervision d’exploitation des éco-industries et des opérations manuelles sur ligne automatisée, le volume d’offres d’emploi enregistre une progression par rapport à 2010.
    Globalement, le rapport entre offres et demandes d’emploi est proche de la moyenne régionale et s’établit à un peu moins d’une offre pour deux demandes. Toutefois, parmi les métiers du recyclage, on compte plus de trois offres pour une demande d’emploi en 2011 sur les métiers de la valorisation des produits industriels. Ce taux de tension particulièrement élevé reflète les difficultés de recrutement que rencontrent les entreprises. Difficultés confirmées par Pôle emploi, qui précise que le métier de la valorisation des produits industriels est un « métier porteur » en 2012 sur les bassins de Saintonge Maritime, de Niort et de Châtellerault : les intentions d’embauche progressent et une part importante des projets de recrutement sont jugés difficiles par les employeurs.

Une offre de formation qualifiante limitée au niveau V

Reflétant la jeunesse de la filière, il existe à ce jour peu de certifications spécifiques aux activités du recyclage. On recense un CAP « Opérateurs des industries du recyclage », neuf CQP de la branche et un titre professionnel en lien direct avec les activités du secteur. Aucune certification n’est proposée au-delà du niveau V.
Les effectifs en formation initiale préparant le CAP, seule certification spécifique au secteur proposée en Poitou-Charentes, sont faibles : seuls dix apprentis sont recensés à la rentrée 2011. Ce volume réduit témoigne du déficit d’attractivité et d’image des métiers et des formations du secteur.

Synthèse réalisée par Centre Inffo, avril 2013.


Sources

Extraits de Convergences, la publication de l’ARFTLV, Agence régionale de la formation tout au long de la vie Poitou-Charentes : pdf

Convergences n°48, décembre 2012
Aller plus loin : www.arftlv.org

Aller plus loin :
Les métiers verts, synthèse d’étude réalisée par Centre Inffo
L’observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte


Autres focus sur les secteurs qui recrutent

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